Nous y voilà, l’accouchement. J’ai mis du temps à écrire ces mots et vous n’imaginez pas le temps qu’il m’a fallu pour rédiger cet article. Le jour de la naissance d’Eliott est un moment un peu tabou. C’est une journée pleine d’émotions et j’ai du mal à en parler. Le jour où Eliott est né, je suis née à nouveau. Je suis devenue maman. Encore aujourd’hui, ça me fait tout bizarre : devenir maman.

Pendant toute ma grossesse, je n’ai jamais eu peur d’accoucher. A aucun moment, je me suis sentie apeurée, inquiète. Je savais que tout irait bien et que tout ce qui devait se produire arrivera, que je stresse ou non. Je m’attendais à faire un dépassement du terme, étant donné que c’était ma première grossesse et que je n’avais eu aucune contraction (douloureuse) de toute ma grossesse.

Mais la vie en est autrement… « petit » récit du premier jour du reste de ma vie.

/ ! \ petit instant glamour, certains passages peuvent « choquer » les futures mamans / ! \

Samedi 19 septembre

Ce jour là, j’entrais dans mon 9ème mois, toute fière. Le matin même, je postais mon petit article récap’ en disant à bébé de rester au chaud encore quelques temps.

Au réveil, j’ai perdu le bouchon muqueux. Rien d’alarmant, je savais que la perte n’avait rien d’urgent, que je pouvais terminer le mois sans. La perte signifiait juste que mon col travaillait un peu. A un mois du terme, ce n’est pas rare que cela arrive. Pas d’inquiétude, je fais mes petites affaires.

Direction le laboratoire d’analyse pour ma dernière prise de sang (vive la toxo) et pour les analyses pour la péridurale. Et puis, étant en vadrouille, je continue par un petit tour dans les magasins, histoire de finir mes derniers petits achats (notamment le cadeau d’anniversaire de mon cher et tendre).

Vers midi, je passe faire un petit coucou à une copine. Première chose que je fais en arrivant chez elle, direction le pipi-room. J’avais cette petite sensation désagréable d’humidité. J’ai mis cela sur le compte de la grossesse et des envies de pipi à répétition. Et la journée continue tranquillement.

Pendant le déjeuner, je parle de cette sensation à Thomas, sans réelle inquiétude. Son petit conseil de futur papa : « appelle la maternité, tu verras bien ce qu’ils te diront » (Bon, et accessoirement, il avait la pelouse à tondre et pas des masses envie de se taper l’aller-retour pour rien).

Vers 16h, après avoir fait mes petites affaires à la maison, j’appelle la maternité en me disant qu’ils allaient me dire que ce n’était rien. Et bien non, la première vague d’émotion t’arrive en plein dans la tronche en mode bus. Il fallait que je vienne pour contrôler car ce n’était peut être pas rien (mais peut être que si). Pas de stress, je raccroche et… j’éclate en sanglots. Je n’avais toujours pas peur, je n’étais pas angoissée mais j’ai eu une montée d’émotion très forte. J’ai pris tranquillement une douche, j’ai bouclé les valises de maternité et j’ai tranquillement appelé Thomas (à qui j’ai conseillé de tout de même prendre une douche et de manger un truc, on ne sait jamais…).

16h30, direction la maternité. Dans la voiture, on rigole un peu mais il y a quand même beaucoup d’émotion. Et dans ma tête, la question « mais comment ça se passe si je suis déclenchée ? » tourne en boucle. On est pas préparé à cela. Pas de circulation pour rejoindre la maternité, on en rit en se disant que c’est quand même idéal comme jour car on évite les bouchons. Mais nous sommes toujours persuadés que nous rentrons à la maison 1h plus tard…

Arrivés aux urgences de la maternité, nous sommes de suite pris en charge. J’ai le droit au petit examen de routine et le verdict tombe. « Bon bah vous restez avec nous ce soir, c’est bien fissuré là. ». A ce moment là, on m’a complètement perdu. Je me suis mise à pleurer et impossible de m’arrêter. C’est étrange de savoir quand on va accoucher. Cela non plus, nous ne sommes pas préparés. La sage-femme nous explique le processus. Il y a donc 2 possibilités : la version courte et la version longue. La courte : mon col s’ouvre tout seul et on peut me déclencher le lendemain matin. La longue : il faut mettre en place un tampon qui permet de faire maturer le col. Ce n’est que le lendemain qu’on pourra savoir. J’ai donc le droit à un monito avec des contractions mini mini, avant de rejoindre ma chambre.
Thomas rentre à la maison pour se reposer la nuit et on se donne RDV de bonne heure le lendemain matin.

Dimanche 20 septembre

Impossible de fermer l’œil de la nuit. Je passe du lit au ballon, du ballon au fauteuil… je fais les cent pas dans ma chambre. Je réalise à peine que dans les heures qui arrivent, j’aurais mon bébé dans les bras.

Toute la nuit, j’ai mal dans les jambes, mon lit me manque, mon chéri aussi. Je suis réveillée régulièrement soit pour avoir mes médicaments (ayant la poche des eaux fissurée depuis probablement plus de 8h, il me fallait prendre des antibiotiques pour éviter des complications pour bébé), soit par les pleurs de bébé. Je ne me sens pas à ma place dans ce service entourée de jeunes mamans. J’ai juste hâte que tout commence.

Vers 6h, je ne tiens plus, je file prendre une longue douche bien chaude. Je suis déjà bien épuisée avant même que cela n’ait réellement commencé…

A l’heure du petit déjeuner, je mange avec plus ou moins d’appétit mais je mange. Je ne sais pas quand sera mon prochain repas alors je profite. En plus, nous sommes dimanche alors j’ai le droit à une petite brioche.

Un peu avant 9h, Thomas arrive et on me pose le monito. Encore une fois, pas de contraction à l’horizon, le calme plat. Bébé dort et moi je ferais bien pareil. On contrôle mon col mais sans grand espoir. Et surprise… mon col est à 2. Pendant qu’elle range son monito, la sage-femme m’annonce qu’elle va prévenir sa collègue et qu’on y va.

Allez, j’avoue, j’ai paniqué. Thomas venait de sortir pour prendre l’air. J’ai pris mes affaires et j’ai commencé à aller vers les salles de naissance. Je récupère Thomas au passage en lui disant qu’on y allait (réponse de Thomas pas encore bien réveillé : « On va où ? » 😀 ).

9h15, je suis en chemise bleue moche, on prend la dernière photo de mon bidou, on me pose la perfusion et commence l’attente. J’ai quelques contractions mais rien de douloureux. Bien évidemment, je pense que celles qui disent que les contractions font mal sont des chochottes…

11h50, le col n’a quasiment pas bougé. La sage-femme décide de percer complètement la poche des eaux…
Bon, ok, je n’ai rien dit.. les contractions, ça fait un mal de chien. La première contraction me cloue sur le lit… Il faut savoir qu’avec un déclenchement, on n’a pas le côté progressif des contractions. On se prend tout dans la tronche d’un coup. Pendant 15 min, je ne comprends pas ce qui m’arrive, j’ai mal et je passe mon temps à retenir mes larmes de honte de ne pas arriver à gérer. J’ai l’impression d’avoir oublié mes cours de sophrologie, je suis totalement perdue. Je reprends finalement mes esprits et je gère tant que je peux en faisant mes exercices de respiration. Pendant tout ce temps, Thomas m’a soutenu sans faille.

Au bout d’une heure et après deux évanouissements, je demande par dépit quand est-ce que je peux avoir une péridurale. « Ah mais avec un déclenchement, vous pouvez l’avoir quand vous voulez. Vous auriez pu l’avoir dès le début. » … No comment. J’accepte donc avec grand plaisir la péridurale. Thomas va se chercher un truc à manger pendant la pose. J’ai été assisté par un anesthésiste et une aide-soignante au top pendant la pose. Et là, délivrance. Les douleurs s’estompent. Je respire et je peux me reposer un peu.
Après la pose, on contrôle mon col qui est ouvert à 4. Thomas commence à se dire qu’on va y passer la nuit…

J’ai des contrôles toutes les heures, globalement tout se passe bien. Thomas me met de la musique classique et je fais mes exercices de sophrologie.

A 14h15, petit contrôle et surprise, je suis déjà complètement dilatée. La sage-femme me fait installer sur le côté avec une jambe relevée pour faire descendre bébé un maximum et éviter de passer 4h à pousser. Je le sens se faufiler, c’est une sensation vraiment étrange. Au bout d’un certain temps, je ne peux plus rester ainsi, bébé appuie sur mon bassin et j’ai un mal de chien. J’ai du mal à respirer. On me fait changer de côté et c’est mieux. Petit à petit, je sens bébé descendre. A chaque contraction, je sens sa tête faire pression. J’ai un peu peur qu’il sorte d’un coup sans prévenir…

La sage-femme arrive et je lui dis d’un air un peu gênée que je pensais que bébé commençait à sortir. Elle regarde et oui, on voit déjà le haut de sa tête.

15h45, on m’installe en position d’accouchement. Après avoir revu le processus, je commence à pousser. Sauf qu’entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde. Il me faut 2/3 poussées pour arriver à quelque chose de concluant. Je choisis donc de « pousser » sur l’expire pour ne pas me fatiguer et préserver mon périnée. Je fais 2 grosses poussées pour aider mon bébé à bien descendre. Les sage-femmes se lancent un pari sur l’heure de naissance de bébé et on rit franchement. C’est à ce moment là qu’elles se rendent compte que bébé descend beaucoup mieux lorsque je ris. Alors, nous rions. Et bébé descend. Encore une mini poussée et bébé est là.

Il est 16h14, mon bébé est né. Et moi je suis née à nouveau, mes premiers pas dans ma vie de maman.